Le chatbot est-il l’avenir du formateur?
A-t-on encore besoin de formateurs canal historique au moment où le canal numérique envahit la formation ? Autrement dit, quelle sera demain la place du formateur ? Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone, Microsoft) investissent massivement dans les chabots… comment le chatbot va-t-il s’intégrer dans la relation apprenante? S’agit-il du formateur de demain ?
Les chatbots (contraction du tchat et du robot), ou agents conversationnels, sont des programmes de conversation homme/machines piloter par l’intelligence artificielle. Nés dans les années 60, avec la fameuse ELIZA, ils se sont généralisés dans les années 90 au sein des relations clients, mais c’est avec les années 2010 qu’ils sont revenus dans l’actualité avec le fameux lancement de Siri en 2011. Aujourd’hui, tous les GAFAM ont leur chatbot : Google avec Allo, Apple avec Siri, Facebook avec Messenger, Amazone Alexia et Microsoft Cortana… Quand il s’agit de tâches simples aucun problème : « quelle météo fera-t-il demain ? », « Comment aller au Starbuck le plus proche ? », le chatbot est relativement efficace… si la formation calibre la connaissance, le chatbot aura un rôle dans l’industrialisation des savoirs, le SAV l’a bien fait dans la relation client… Le chatbot pêche encore par son manque de fluidité conversationnelle. Mais Ray Kurweil fondateur de la Singularity University considère que pour 2029 les chatbots fonctionneront « comme des êtres humains », il est alors légitime de s’interroger sur la place d’un chatbot formateur disponible 24 heures sur 24, gratuit pour les apprenants tout au long de la vie et ayant le web mondial pour bibliothèque ? Mythe ou réalité ?
Le chatbot personnalise véritablement la formation. Pour que le chatbot fonctionne mieux, il est préférable d’avoir accès à l’historique de l’apprenant, via les cookies et ainsi de mieux connaître l’apprenant non pas comme un individu apprenant, mais comme une personnalité apprenante. Par analogie, le monde de la cigarette a ouvert la voie, l’analyse des données à permis de déterminer 62 profils différents de fumeurs… et ces profils sont en live, autrement dit, il y a une réactualisation en temps réel des profils globaux et personnels, le fameux one to one. Il devient possible de proposer la formation la plus en phase avec les spécificités de l’apprenant, remettre l’apprenant au centre de la formation. Et globalement, la connaissance de la formation s’en trouverait complètement changée en sortant des approximations conceptuelles.
Le chatbot est le manager de la formation. Il sera à terme celui qui vous trouvera la meilleure formation compte tenus de notre demande… pourquoi payer si ailleurs, il y a un MOOC gratuit du spécialiste du sujet.. le marché de la formation s’en trouverait fluidifié et donc optimiser. Et on pourrait aller plus loin, le chatbot est un algorithme, si l’on adjoint un algorithme de prédictibilité, le chatbot pourrait proposer une formation avant même que l’apprenant en ait besoin… le minority report de la formation. Construire une formation qui ne repose plus sur les besoins mais sur les projets, les prévisions… Le chatbot formateur deviendrait un élément essentiel d’une ambition professionnelle… l’apprenant potentiel pourrait tester tous ces projets et ainsi optimiser au mieux son avenir professionnel grâce à son chatbot personnel… Serge Tisseron parle déjà d’empathie artificielle. Le chatbot organiserait notre agenda avec toutes les phases fastidieuses de la formation : sélection, inscription, payement,… il ne resterait à l’apprenant que la partie noble : apprendre…
La grande question des chatbots n’est pas tant de savoir s’ils feront partie des écosystèmes apprenants… s’ils trouvent une place ailleurs, ils trouveront leur place dans une massification nouvelle de la formation… la bonne question de savoir s’il faut laisser aux GAFAM, entreprises privées américaines, la maîtrise des formations, cela réinterroge sur qui doit produire l’objet culturel qu’est la formation ? Le chatbot est une belle opportunité pour réinventer l’homme de progrès et c’est cette relation sociale partagée qui fera le formateur de demain…
Paris, le 02 septembre 2016 publié sur Formaguide
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