L’avenir est-il dans Twitter ?
Bon nombre de personne est d’accord pour dire que Twitter rend idiot, pour reprendre le thème de l’article de Nicolas Carr. Tout le monde est tellement d’accord que finalement il est intéressant d’aller voir si effectivement Twitter est un réducteur de pensées. On dit souvent que Twitter est l’avenir de l’information, alors qu’en est-il de la formation ? Twitter va-t-il atteindre le monde de la formation ou la formation est-elle hors du monde de l’IT ?
La grosse critique qui est formulée à Twitter peut être résumé à 140 caractères, à raccourcir les tweets, on finit par raccourcir la pensée… jusqu’à la rendre bêtifiante. Et si l’on suit un fil d’actualité, que d’inepties, de fadaises ou autres bécasseries. Que peut-on en dire ? Sans éluder la question, on peut s’interroger sur la focalisation sur les outils du net. Que ne dirait-on pas si l’on regardait de plus près nos échanges téléphoniques ou même le contenu de nos conversations quotidiennes, retrouverait-on la platitude twittorienne ?
Mais allons plus loin, Oscar Wilde était maitre dans l’art des bons mots, l’art de trouver des formules courtes qui touchent justes ? Alors, Oscar Wilde serait-il idiot ? La concision est une écriture. Nous sommes dans un monde qui va plus vite, qui nécessite de capter l’attention de son auditoire pour développer ses idées. L’Association francophone pour le savoir relatait qu’au Canada on demandait aux thésards de présenter leur thèse en 180 secondes, savoir-faire court en dit long sur la maitrise d’un sujet. Twitter est un outil au service d’un mouvement plus large, l’économie de l’attention.
L’information twitte, surtout depuis des affaires comme l’affaire DSK où l’information était d’abord twittée. L’actualité de l’actualité pousse à aller le plus vite possible, Twitter répond à cette demande. Être de son temps, c’est être dans le temps Twitter. On critique souvent l’outil faute de savoir travailler avec cet outil. Comment former avec Twitter ? Il commence à avoir des retours de pratiques intéressants, comment industrialiser ces benchmarks ? S’agit-il de nier Tweeter et de créer une formation hors du temps de nos entreprises, de nos sociétés ? Tweeter pose des questions et particulièrement celle de l’adaptation de la formation, Tweeter est d’abord une nouvelle pédagogie.
Twitter est-il alors le nouveau veau d’or ? La critique n’est pas seulement sur la forme qui fait le fond, mais aussi sur le fond. A être focalisé sur le quotidien, il manque la distance qui fait la profondeur. La fadeur des contenus, des gens qui parlent d’eux-mêmes, de leur quotidien sans événement frise le narcissisme pathologique surtout si on le compare à l’argumentaire discursive cher à Jünger Habermas. On pourrait noter que les enquêtes neurologiques considèrent que parler de soi assure la sécrétion de dopamine, hormone du plaisir, et que la première conséquence des tweets personnels est une réelle source de plaisir. Dans un monde en recherche de sens, le plaisir est déjà un dommage collatéral fort acceptable, Twitter est un créateur de bonheur. Une nouvelle démarche egoTIC permet de travailler différemment pour assurer l’efficacité de la transmission… en moins de 140 caractères, ce qui gêne dans Twitter c’est qu’il pose tant de questions là où nos réponses sont si courtes.
Stéphane Diebold, Paris, le 17 octobre 2012, publié par Formaguide
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