La course au MOOC a débuté…
Le MOOC est devenu le nouveau veau d’or de l’innovation pédagogique. Il n’est pas une revue, un magazine qui ne traite de l’importance du MOOC. Les MOOC sont-ils une évolution, une révolution ou simplement un phénomène de mode ? Face à la MOOC attitude, comment doivent se positionner les institutions traditionnelles ? Faut-il se moquer du MOOC ou faut-il se moquer de ceux qui se moquent du MOOC ?
Comme on a pu le dire dans une précédente chronique, les MOOC posent la question du gratuit et de la formation ouverte. Le modèle traditionnel de la formation est celui du savoir enfermé, celui qui sait peut dispenser à celui qui veut apprendre. Les MOOC mettent à nue les sachants, leur savoir est exposé aux sus et aux vus de tous, les apprenants, mais aussi de tous les pairs. Cette ouverture est d’autant plus délicate qu’étant gratuite tous ceux qui veulent peuvent. Pourquoi payer 15 000 € une formation que l’on peut avoir gratuitement sur le net ? Et parfois ironie de la situation fait que c’est avec les mêmes intervenants. Comment une école peut-elle se financer si les sachant ne payent plus le savoir qu’il veut acquérir ? Tout le modèle économique est réinterrogé avec la seule introduction du MOOC. Au moins, le premier avantage du MOOC est de permet de se poser des questions que l’on ne se posait pas précédemment. Il s’agit-il d’une bonne réponse ?
Un MOOC ne fait pas le printemps. Il ne s’agit pas de confondre l’outil et l’usage. Même si dans le monde de la technologie, il est habituel de mettre l’outil en avant, les usages deviennent à la longue prédominants. C’est vrai que les MOOC ont une dimension marketing intéressante. Créer un MOOC revient à être tendance et pour toute institution en manque de visibilité, un MOOC est un outil de valorisation. Voilà qui est déjà en soi un bon argument pour l’utiliser, mais peut-on aller au-delà ? Si l’on reste sur la dimension marketing, les MOOC ne sont pas seulement des outils de communication innovants, ils sont aussi des outils pour faire du flux et capter de la data apprenante. Toutes les personnes intéressées par un MOOC sont des prospects possibles pour une formation complémentaire, les MOOC deviendraient un produit d’appel pour les institutions apprenantes. Encore faut-il avoir une politique produit lorsque l’on lance un MOOC, les MOOC deviennent un moyen de repenser ses produits. Ou au moins, avec le gratuit, une stratégie data. Tout ce qui est gratuit permet la production de données, et les algorithmes de données assurer une efficacité particulière, comme l’ont montré des Google ou Facebook. Si l’apprentissage est gratuit c’est que le produit est l’apprenant…
Enfin dans cette course aux MOOC, on oublie souvent que le problème du MOOC n’est pas tant la plate-forme qui va l’héberger que l’articulation pédagogique qui le compose. Construire X ou Y modules pour créer un MOOC nécessite de construire une pédagogie adaptée à ce type d’apprentissage. Tout est possible encore faut-il ne pas oublier que la construction pédagogique des MOOC est une grammaire spécifique, et qu’au lieu de courir derrière les chimères technologiques il vaut mieux parfois réutiliser les bonnes vieilles recettes de la pédagogie pour gagner la course qui a débutée…
Stéphane Diebold, Paris, le 20 janvier 2014, publié par Formaguide
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